“As-tu une photo de toi à 20 ans ?
Pourquoi ai-je dit oui à la proposition de Stéphane ?
Cherche et fouille dans de vieux cartons poussiéreux. Je déniche quelques images, je revois de vieilles connaissances, jeunes à l’époque. Tout ça m’amène à faire la route à l’envers. Je remonte le chemin, je souris à plein de bons moments… les autres ? Oubliés.
Je revois les copains, les copines. Je pense aux fêtes, au foot, aux premiers voyages. Je retrouve Barcelone, 1960, le barrio chino, les filles qui disaient foki foki, premiers mots qu’on croyait espagnols, en réalité appris pour séduire les marins américains en escale. On était les rois du monde, mon pote Roger et moi, on avait 20 piges et rien ne pouvait nous arriver… et heureusement plein de choses sont arrivées.
Retour à la réalité : Stéphane et son complice Robert m’attendent au studio. Ils ont pris un tas de photos. Et c’était plutôt agréable. Le grand Steph a le don de vous mettre à l’aise…    Jusqu’au résultat final.
La réalité vous rattrape. On a beau voir sa gueule tous les matins dans le miroir, l’image, quand elle devient figée est impitoyable. On mesure l’étendue des dégâts. Et le petit jeune continue de rigoler entre les mains du bonhomme ridé qui fait la grimace. Tout est passé si vite.
Bien sûr Brel a raison : Mourir la belle affaire… mais vieillir, ah ! vieillir… Et puis… et puis…
On pense aux mille projets qui nous attendent encore. Pas question de renoncer. On éclate de rire à la vie et à tout ce qu’elle va encore nous offrir. Et le goût de mordre dedans avec un appétit féroce.”
– Bernard

Bernard Durret - 69 ans - Graphiste

Bernard est l’un de mes clients. Un homme avec qui la conversation est toujours agréable à partager. Ensemble, nous parlons plus souvent de la vie que de travail.
J’ai presque envie de dire que si un jour je dois « vieillir », je voudrais y arriver comme lui. Il a 70 ans, mais c’est juste technique. Simplement parce qu’il ne peut échapper aux mathématiques sociales, et donc, il a un âge, comme tout un chacun.
On peut également dire sans se tromper qu’il a un humour et un sens de la dérision à toute épreuve.
Pour toutes ces raisons, je ne pouvais pas échapper au désir de lui proposer de participer à ce projet.
Je le considère comme un homme libre dans la mesure de ses obligations, bien sûr ! Toujours avide de voyager, de découvrir de nouveaux horizons, ou d’autres connus à différentes époques. Un épicurien ! Un désir de vivre communicatif ! C’est aussi un de ces hommes qui charme comme il respire. Je pense vous avoir livré un portrait assez complet, tout du moins selon ma perception.
Lorsqu’il me proposa quelques photos anciennes, celle-ci me sauta aux yeux, car bien qu’étant physiquement assez différent, on le reconnaît tellement dans son attitude. L’énergie est la même, à une cinquantaine d’années d’écart.
Comme nous nous connaissons plutôt bien, il était clair que cette prise de vue allait être différente. J’ai pris le parti de le laisser parler devant mon objectif, en supposant qu’ainsi, son dynamisme et sa personnalité seraient plus facilement libres de se projeter dans mon objectif.
J’ai choisi cette image à cause du geste de sa main. Elle dit : « Voilà, la vie, c’est ça ! Tu peux bien faire ce que tu veux, elle te rattrape toujours, et elle est là pour t’en apprendre. »
Je sais qu’un jour Bernard a dû poser son sac à dos et que ça n’a pas été une décision facile à prendre. Nos vies sont faites de choix qui les dessinent. Peut-être que cette main nous raconte cette partie de son histoire ?
One Response to Bernard • 69 ans
Graphiste
  1. Il est tel que je l’ai connu quand il avait 17 ans.
    Bises et amitiés de Lausanne.


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