« It felt like just yesterday that I wanted to be a rock star, not 30 years ago… I guess I’ve always been somewhat of an attention seeker… wanting to be liked and loved – not rejected as some sort of misfit. Contrary to what one may think It doesn’t get easier to deal with some people’s perceptions of how I look as I get older… Being stared or laughed at for the wrong reasons has just become a part of my daily routine, even today.

No, I do not wear the eyepatch for fun& I’m not a pirate -:) »

– Jim

Jim Levesque - 49 ans - Assistant de production (Cinéma)

Ça faisait des années que je croisais Jim, car nous habitions le même quartier. Il est impossible de ne pas le remarquer, ce n’est pas si fréquent de croiser un borgne portant un bandeau sur l’oeil.

Un jour, une relation commune me parla de lui, en référence à ce projet photographique. Je lui écris donc un courriel pour lui expliquer ce que je lui proposais et rendez-vous fût pris. Mais avant tout, je voulais qu’il me raconte son histoire, et apprendre ce que représente pour lui, et dans notre société, le fait de devoir se présenter avec un oeil couvert.

Il me raconta son histoire.
Lorsqu’il avait 5 ans, il est tombé de son balcon, sur une clôture en fer forgé. Plusieurs piques lui traversèrent le corps, et l’un d’entre eux un oeil. Un véritable miracle qu’il ait survécu ! Alors sa vie, il l’a essentiellement passée avec un bandeau sur l’oeil.

Vivre avec un oeil en moins, qu’est-ce que ça implique, en terme de regard ? Il est un fait que ça demande un léger temps d’adaptation, puisque lorsque l’on parle à quelqu’un, en général, on le regarde dans les yeux. Mais rapidement, on s’y habitue et cela fait partie de la personne, le regard devient global.
Le jour de la prise de vue, Jim arriva, détendu en apparence. C’est quelqu’un que je trouve plutôt doux, contrairement à ce que cette image laisse entrevoir, mais en lui, il y a indéniablement un rebelle, un combattant.

Je voulais lui demander s’il se sentirait suffisamment à l’aise pour paraitre devant mon objectif, l’oeil nu. La raison pour laquelle je voulais le lui proposer, ce n’était certes pas par voyeurisme, mais parce qu’il m’a répété à plusieurs reprises que ce qui l’exaspérait le plus dans ce handicap, c’était de se faire traiter de pirate, comme si son bandeau tenait lieu d’accessoire de mode. Il accepta donc d’ôter son bandeau sans hésiter.
Je me suis alors dit que dans ce genre de handicap, le port du bandeau tenait lieu de pudeur, et que s’il en portait un, ce n’est pas tant pour lui-même que pour les autres.

L’expression « soutenir un regard » prenait ici tout son sens !

Cette image, je l’ai choisie pour son aspect provocant, avec ce geste de la main qui a l’air de dire « viens ! ». On y devine aussi la trace du lacet de son bandeau sur son front, trace qui est peut-être même devenue une ride, tant son bandeau fait partie de sa vie.

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